Féministe oui. Je le suis. Du plus profond de mon être, je ressens cette sororité. Cette envie de mettre un bon coup de pied dans la fourmilière patriarcale et leur dire que oui, nous comptons autant qu’eux.
Le 8 mars. Journée internationale des droits des femmes. Souvent appelée Fête de la femme. Rien que ça, grrrr ! Mais soit, l’ONU qui l’a inauguré à l’international appelle cela le Women’s Day, littéralement le jour des femmes. Comme la journée mondiale des chats, des câlins, voire des toilettes (oui, ça existe et c’est très important : l’hygiène est la base de la bonne santé). Bref.
Il y a tant à faire. Sous nos latitudes, les salaires, la différence d’attitude entre les hommes et les femmes. Nous sommes en campagne électorale : il suffit de voir comment les appareils des deux partis dits de gouvernement s’attachent à ne pas soutenir leurs candidates. C’est effarant.
Le manque de respect, le manque de représentation à haut niveau, au Parlement, au gouvernement, dans les entreprises. Le manque de considération, en cas de violences domestiques, de harcèlement de rue, etc. La féministe que je suis en frémit si souvent de colère, voire de rage.
Et puis il y a aussi nos pires ennemies : les femmes misogynes. Mais tout ça ne vous dit pas pourquoi je suis féministe et je déteste le 8 mars. Allez, si, vous en avez une vague idée.
Marilyn Monroe est encore un des sex-symbols les plus marquants, exactement 6O ans après sa mort tragique. Actrice et chanteuse de talent, elle était aussi une intellectuelle. Mais atteinte de la très douloureuse endométriose, » on » a eu tendance à lui prêter un comportement capricieux alors qu’elle souffrait le martyre. Elle a été opérée 7 fois de cette pathologie typiquement féminine qu’on peine encore à soulager et soigner de nos jours.
Pourquoi ? Parce que chaque année, c’est pareil. Les mêmes sujets reviennent. D’authentiques marronniers avec les mêmes titres, des chiffres qui ne changent qu’à la marge, des sauts de puces dans un marathon.
C’était pourtant une grande cause nationale. Et encore, je ne parle que de la France. Regardons toutes ces femmes ailleurs dans le monde. Qui affrontent la guerre, le non-droit, qui sont marchandées comme des produits par leurs familles, traitées comme des bêtes de somme et des jouets sexuels par leurs » époux « .
Observons ces femmes combattantes kurdes. Ces résistantes de dix ans qui bravent l’interdiction d’aller à l’école en Afghanistan. Voyez, ces femmes indiennes étouffées par une société qui n’en a que faire. Ces jeunes filles africaines enlevées. Regardon ces femmes congolaises, sénégalaises, maliennes, yéménites, ukrainiennes qui essaient d’échapper aux bombes et à cette immonde arme de guerre qu’est le viol.
Je suis féministe oui. Et je déteste profondément ce 8 mars où tant de gens essayent de se racheter une conduite. En reversant un pourcentage. En agitant pour une journée une conviction de circonstance. Heureusement, les marques ont compris que faire une promo était assez malvenu en cette journée. Enfin, la plupart.
Alors non, je suis féministe mais je ne suis pas allée manifester. Parce que je déteste le 8 mars ? Non. Parce que je suis éloignée des métropoles où l’action se passe pour l’instant. Mais agiter un peu de rose – qui au passage, n’est devenu une couleur » féminine » que récemment – un jour par an, est-ce vraiment une conviction ?
Est-ce vraiment un poncif profondément féministe de dire qu’en fait, le 8 mars, ça devrait être tous les jours ? Et que l’équité avec les hommes devrait être la règle, c’est-à-dire l’égalité dans le respect de nos différences ? Car oui, c’est cela mon féminisme. Pas l’égalité stricte car nous sommes différents. Mais l’équité, dans nos droits, nos devoirs en fonction de qui nous sommes.
Tout simplement.
Est-ce trop demander ? Ainsi, on oublie le 8 mars.
Thank you.