Le féminin. Les femmes. La vie. Eh oui, la vie est un attribut féminin. Aujourd’hui, heureusement, ce n’est plus le seul ! Cela dit, cela reste complètement fondamental, vous ne trouvez pas ?
Car soyons clair.e.s : les femmes ne sont plus uniquement des reproductrices. L’ont-elles jamais été d’ailleurs ? Non, on peut raisonnablement penser que non. Car même si, par moment, on les a véritablement effacées de l’espace public, elles n’ont jamais cessé de jouer un rôle. Peut-être plus discret mais tout aussi important. Cela dit…
Un de mes premiers souvenirs de cette importance cruciale ? Le mythe de l’enlèvement des Sabines. Ok, ça date de mes souvenirs d’initiation au latin au collège, ce n’est donc par récent. Ce genre de récits m’a même poussée à poursuivre les cours deux ans durant avant d’embrayer sur l’espagnol au lycée. Et j’avoue que celui-là m’a complètement fascinée.
Bref, les Sabines. Qui sont-elles ? Ce sont les femmes d’un peuple, les Sabins, qui habitaient près du site antique de Rome. Des hommes ont fondé la Ville Éternelle. Souvenez-vous, Romulus, Rémus, la louve, toussa. Mais hier pas plus qu’aujourd’hui, les hommes ne peuvent se reproduire seuls. Il leur fallait donc des femmes. Eh bien la première génération de Romains ne s’est pas posé la question très longtemps et a tout simplement enlevé des femmes chez les voisins.
Evidemment, le consentement, les Romains s’en sont bien passés. Et voilà comment un boys’ club est devenu une société. Et dans ce cas précis, le féminin a été finalement considéré comme… quoi ? Une nécessité pour ceux qui ont enlevé ? Un trophée pour ceux qui ont guerroyé pour les récupérer ? On l’ignore finalement. Qu’en pensez-vous ?
Et dans cette série, qui se trouve être de très loin ma préférée, Battlestar Galactica. Une des héroïnes, Kara » Starbuck » Thrace, est une pilote. La meilleure. Un soldat sur-entraîné… et une vraie tête brûlée, téméraire, intrépide, indisciplinée. Comme on disait autrefois, » un vrai garçon manqué » (rendez-vous compte de la violence de cette expression). Et puis un jour, au cours d’une bataille, elle est enlevée. Et elle se retrouve dans une ferme où des femmes sont « fécondées » par des humanoïdes.
Le capitaine Thrace, abrutie de calmants, empêchée d’endosser sa vraie identité, celle d’un soldat, se retrouve ainsi brutalement réduite à un rôle de » pondeuse « . Elle devient un simple incubateur reproductif branché à des machines pour optimiser la chose. Ses ennemies nient ainsi sa nature humaine, dotée d’un libre arbitre, d’un corps avec des membres, d’une vie propre. Quel vertige, n’est-ce pas ? Mais bizarrement, cette vie, celle que les femmes sont pour l’instant seules à pouvoir donner, est-ce qu’elle n’a pas finalement un rôle politique ?
Quand on voit à quel point certains considèrent littéralement les femmes comme des commodités, des butins, on peut s’interroger sur le féminin. Et donc, en revenir au début de notre réflexion : sont-elles vraiment » juste » des porteuses de vie, petites choses vulnérables et négligées la plupart du temps ?
Non. Il y a encore du travail, il suffit de constater ce qui se passe en Afghanistan, en Inde, dans plusieurs pays d’Afrique… en fait, partout dans le monde, pour comprendre que nous ne sommes pas bonnes qu’à porter la progéniture de nos congénères. Mais certain.e.s ont du mal à s’en rendre compte. Et oui, j’utilise l’écriture inclusive car les femmes misogynes existent, ont toujours existé et existeront toujours.
L’enfermement, l’interdiction de faire des études, de se réunir, les crimes soi-disant « d’honneur », les excisions, les sacrifices quand une fille apparaît plutôt qu’un fils, les burqas ou autres mariages arrangés avec des fillettes livrées à des hommes mûrs, le plafond de verre, les violences de rue, domestiques, gynécologiques et médicales, etc. Non, tout n’est pas réglé, loin de là. Même si ça avance. Doucement.
Et ça a été le déclencheur de ce modeste billet, la France se distingue. Poussons un cocorico pour une fois ! Car pour sa prochaine édition, pas moins de trois femmes issues des principaux partis briguent la plus haute fonction du pays. Marine Le Pen, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse (par ordre de déclaration de candidature) n’ont pas grand chose en commun à part cela. Elles écrivent l’Histoire.
Est-ce que le féminin français, du moins politique, va emporter une victoire qui sera pour le coup une vraie rupture historique avec une femme présidente de la République ? Bon. On en espère au moins une à Matignon. Et d’ailleurs, avouons-le : même à nos yeux à nous, un exécutif dirigé par un duo féminin serait exotique. Il est temps que ça change et que notre pays soit dirigé le mieux possible, sans que le genre ait d’importance en fait. Ce serait LA vraie victoire. Et la réconciliation du féminin et du masculin.